La fraternité (2)

main FS2     Madame, Monsieur,

Le premier article, « mutatis-mutandis » était une vision globale destinée à présenter l’hypothèse d’un changement nécessaire pour assurer un devenir et une espérance dans les évolutions en cours.

Le suivant « La fraternité 1 » et sa suite ci-dessous montrent que c’est dans l’amélioration des interactions avec soi-même, avec les autres, et avec l’environnement, que peut se concrétiser un progrès dans le bien-être individuel et collectif.

 3/…sacrée (et 4 : conclusion)

« Je suis celui qui est. »

A partir de cette affirmation divine, se propose une discipline philosophique dénommée ontologie – la science de l’Etre -.  Bien qu’abordée comme  »science de toutes les sciences », c’est une quête avortée des premiers philosophes grecs. D’ailleurs,  »l’Encyclopédia Universalis » la considère comme l’unique science qui reste vide.

Il apparaît que la quête de l’Être contient la quête de la vérité et de la réalité absolues.

Dans l’histoire de l’humanité trois grands courants s’y sont risqués : les sciences, la philosophie, les religions. Aucun n’a abouti. A ce jour, aucune vérité ni réalité absolues n’ont pu être établies.

Cependant, pour étudier l’hypothèse du sacré attachée à fraternité, il convient de le chercher et le définir. Il se rapporte à : sacral, sacralisation, sacrement, sacrifice, sacre, sacrum, sacrilège, sacramentel, sacramental… En raccourci, il apparaît qu’il réfère à deux critères principaux : le sacrifice et le divin. Même si une foi sincère peut exister, personne n’a jamais vu Dieu. Je me propose néanmoins de poursuivre cette quête du divin et du réel par les sciences, les philosophies et les spiritualités. Il ne s’agit pas de faire étalage de connaissances, mais de présenter quelques principales informations pour servir notre propos.

arche de la fraternité dite « grande arche de la défense »:

Arche de la Défense

Notre ADN établi sur 4 bases (adénine, thymine, guanine, cytosine) constitue un langage qui transmet des informations par le codage de 64 unités (4, base du tétragramme – puissance 3). Cependant, même si le génome a été cartographié en entier, la plus grande part est non décodée, et contient d’immenses continents inconnus. Pourtant la génétique et la biologie moléculaire propose désormais la possibilité pour l’humain d’être créateur et modificateur de sa propre nature, et ainsi de s’approprier un attribut divin. Relativement à ce pouvoir-toute puissance, la question est déjà posée de son usage, autant pour la potentialité d’évolution, que pour la potentialité de sacrifice total de l’humanité. Curieusement, un des plus anciens livres de l’humanité, le Yi King, aussi appelé  »livre des transformations », propose de définir tous les possibles à partir de 64  »hexagrammes » .

  Au point de vue de notre cerveau, avec 100 milliards de neurones et une capacité de dix mille connexions par neurone, il dispose d’un potentiel de cent mille milliards d’interactions possibles. (Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent doivent l’adorer en esprit et en vérité; jean ch. 4 V 24)

Des études de plus en plus précises montrent une plasticité de fonctionnement inattendue. Il s’y ajoute une capacité de reproduction des neurones, et même l’utilisation possible de cellules plurivalentes. Ces découvertes ouvrent à des hypothèses de formatage, reformatage et fonctionnalités auparavant inconnues.

Relatives au fonctionnement du cerveau, les E.M.I. doivent être évoquées. Il s’agit des expériences de  »mort imminente » avec arrêt cardiaque, électro-encéphalogramme plat et retour à la vie. Les témoignages recueillis montrent des concordances, similitudes et identité plus que troublantes ; les études les plus récentes tendent à prouver l’existence de l’esprit (l’âme ?) indépendamment du cerveau. Les points communs de ces expériences expriment le passage par un tunnel aboutissant à une lumière indescriptible, océan d’amour duquel on ne veut pas revenir et pour la plupart, sortie du corps prouvée par des témoignages restitués sur des contingences externes, quelquefois très éloignées. Les millions de personnes concernées expriment leur transformation, en particulier dans leur rapport à la vie et à la mort, et assurent que le langage n’est pas en mesure de restituer la grandeur et la nature de ces expériences.

Dans une autre approche, celle de l’anthropologie, ce sont des pertes successives de fonctions, remplacées par des fonctions plus évoluées qui ont déterminé notre évolution. Par exemple, la perte de la marche quadrupède et de la préemption par la mâchoire contre préemption par la main, développement du cerveau et apparition du langage. Depuis, ce sont principalement les connaissances intellectuelles au service de la production (tête) qui se sont développées, ainsi que les besoins de consommation (corps). Cependant, les technologies récentes impliquent de moins en moins le besoin de mémoriser. Si cette fonction se réduit, il n’existe pour l’instant aucune hypothèse sur une fonction plus élevée à naître.

 A moins de supposer l’émergence et la mise en œuvre d’une nouvelle fonction qui établirait une conscience planétaire et cosmique par l’activation au niveau du cerveau d’une matrice inactive jusqu’ici : la fraternité sacrée universelle. (Cœur ?)

Il y a 80 ans environ, Teilhard de Chardin engageait cette perspective dans son concept de  »noosphère » mais également il y a bien longtemps, Platon, et plus proches, Kant, Hegel, l’avaient suggérée ; et aussi Leibnitz dans son concept de  »monades »  et Robert SHELDRAKE dans sa théorie des  »champs morphiques » et Gandhi, et les traditions orientales dans le taoïsme et les concepts de  »Ki » et de  »mana ».

A la fin des années 90, un symposium avait réuni les scientifiques de plus de mille disciplines différentes, en Australie. Une des questions abordées était : qu’est-ce qui peut être commun à toutes nos disciplines ?

La réponse suggérée a été qu’à la base de tout ce qui existe, il y a un principe séparateur et un principe unificateur en constante interaction dynamique et dont la résultante globale est EVOLUTION. Ceci semble confirmé par une expression d’Albert Jacquard : « à l’échelle de l’univers, il n’existe que la rencontre ou rien ». En lien avec ce qui précède, Edgar Morin a proposé dans son travail dénommé  »la méthode » plusieurs ouvrages qui ont alimenté  »l’approche systémique ». Elle comporte, parmi d’autres, quelques postulats :

 –         un système est caractérisé par l’existence d’interactions,

–          tout est système, sur-système et sous-système,

–          la qualité et la quantité d’interactions internes d’un système déterminent la qualité et la quantité de ses interactions externes,

–          la fonction première d’un système est de survivre et évoluer,

–          il y a interdépendance globale des systèmes.

Pour les puristes, j’ajoute que les mathématiques de Gödel démontrent qu’il ne peut y avoir de reproductions parfaitement identiques des interactions. Par conséquent, l’existence d’un système absolument  stable est exclue. Nous sommes dans l’impermanence autant que dans l’incertitude. Le  »yi-King » l’affirme : « l’immuable, c’est la transformation ».

Afin de simplifier (!!??), il convient maintenant d’aborder l’astrophysique et la physique quantique :

–          96% de l’univers est inconnu,

–          pour 70 % il s’agit d’une énergie, et 26 % de matière dites  »noires » l’une et l’autre.

La physique quantique, à la recherche de la matière, n’a découvert que des fonctions d’ondes, immatérielles, avec des attributs et capacités inattendues :

–          La non-séparabilité ; deux électrons d’un même atome séparés et projetés aux deux extrémités de l’univers restent liés en identités et phénomènes. Ce qui se passe pour l’un, se produit pour l’autre, instantanément.

–          Il en résulte une suppression de la temporalité, de la distance, de la localisation, et une transgression de la vitesse de la lumière.

–          Cette approche réduit le réel à un résultat probabiliste de possibilités infinies, qui, par effondrement des possibilités, sauf une, permet l’émergence du monde macro physique auquel nous avons accès par nos sens ordinaires.

–          la physique quantique a aussi et surtout démontré que l’observateur est toujours CO-créateur de son observation.

–          Et par conséquent, que les anciens paradigmes : « la nature m’est extérieure, l’autre m’est extérieur, l’univers m’est extérieur et Dieu m’est extérieur », sont complètement erronés.

–          ’’ le royaume ne saurait être épié. Il est impossible de dire : il est ici, ou il est là. Car le royaume est au-dedans de vous’’ (Luc Ch. 17 V 20-21).

En tentative de synthèse, il est possible d’affirmer qu’il existe un monde matériel, manifeste et déterminé, et un monde immatériel, virtuel et infini de libres potentialités. Les attributs et fonctions de la physique quantique :

–          non-séparabilité, non –localisation, ubiquité du tout et des parties (nul n’est perdu, chacun est au centre du cercle), non-temps, non-distances et infini de libres potentialités, ajoutés aux points précédents sur les sciences de la vie présentent une somme d’indices congruents et convergents pour croire à un principe créateur, et CO-créateur intelligent.

Il aurait été pertinent d’ajouter aux synthèses précédentes le principe  holographique et les théories et applications des nanotechnologies.  

Comme ces sciences et techniques vont dans le même sens, il paraît possible de conclure sur le sacré.

 4 – conclusion :

Depuis des siècles opposées les unes aux autres il advient que spiritualités et sciences se conjuguent harmonieusement ; plus encore, il apparaît que les sciences expérimentales donnent un faisceau d’indices convergents pour établir l’existence d’un principe créateur supérieurement intelligent.

Cette seconde partie portant sur le Sacré propose qu’il devienne de plus en plus déraisonnable de ne pas croire en l’existence de ce principe. (Rien ne peut naître de rien, et rien ne peut retourner à rien)

Il ne s’agit pas de preuves, d’ailleurs il semble que l’absence de preuves soit inhérente à Sa nature.

Cependant, dans le doute, de puissantes convictions peuvent être établies :

–          Il existe un principe créateur, maîtres de tous les avatars, comme du temps et de l’espace,

–          Il n’a qu’un but : le règne de l’amour absolu, inconditionnel et éternel, œuvre suprême de toute la création.

C’est pourquoi la fraternité est sacrée.

Jacques Attali dans son ouvrage  »fraternités, une nouvelle utopie »:

« Aujourd’hui, nous n’en sommes qu’à la préhistoire de la fraternité, et il faut commencer par en inventer la pratique dans la modestie du quotidien et la démesure de l’idéal. »

Alors :

Si je t’aime, mon frère, ma sœur,  ce n’est pas moi qui t’aime, c’est l’Etre suprême, le S.O.I., à travers moi, qui t’aime. Et si je ne t’aime pas, c’est ce M.O.I., l’ego, qui ne t’aime pas, mais il n’est pas moi.

Oui, la fraternité est sacrée, elle est mouvement évolutif, coévolution en coresponsabilité.

Image d'une géode

 

Comme dissimulé dans la géode, le joyau est au fonds du cœur de chacun d’entre nous !

Christian HYERLÉ

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Bibliographie partielle :

 » Le chiffre de la vie » Grégory BÉNICHOU

  » L’erreur de Descartes » Antonio R. DAMASIO

  » Le cerveau magicien » Roland JOUVENT

  » Du cerveau à Dieu » Mario Beauregard

   » De la génétique à Dieu » Francis S. COLLINS

   » Le moment fraternité » Régis Debray

  » Fraternités : une nouvelle utopie » Jacques Attali

  » Le Yi King » Richard WILHEM

  » Du paraître à l’Etre » Christian HYERLÉ

 

 

  Prochain article le 21 mars 2013 : ‘’l’action créatrice de la parole’’         

2 réflexions sur « La fraternité (2) »

  1. BONJOUR MON TRES CHER CHRISTIAN;
    En lecteur assidu de ton site, je suis content d’y participer modestement. Voici mes réflexions sur ce sujet. Je crois aussi qu’au plus profond de nous,il est possible de trouver la parcelle divine qui sommeille et n’attend qu’une étincelle pour se réveiller;je veux dire par là que si on se décide,on arrivera peut-être enfin à se relier-religere par l’ Amour Universel,que ce soit avec les humains mais aussi tout ce qui vit sur Terre-qui est en fait le Paradis,je crois, mais dont nous avons perdu de vue le sens.
    Potentiellement,nous sommes tous des dieux à l’esprit créatif, capables d’exprimer et partager cet Amour. Qu’attendons-nous? Pour ma part, Dieu restant un concept, je préfère m’adresser à Jésus-représentant pour moi l’Etre ultime-le plus éclairé spirituellement- et j’essaie de suivre ses enseignements qui se résument au mot AMOUR. Ainsi, je crois que si nous nous adressons à l’Autre par la porte du coeur,nous pourrons nous relier-religere. A nous d’inventer cette nouvelle « Religion Universelle » en dehors des églises et des chapelles. Plus nous serons nombreux à nous rassembler à cet effet, plus nous aurons de chances. Ce n’est qu’un début mais c’est bien « d’initier » un chemin, une voie. Comme toi, j’y croirai jusqu’au bout .Ne te décourage pas, tiens bon ; tu peux compter sur moi,tu le sais.
    A bientôt .
    PHILIPPE.

    • Bonjour Philippe,
      Ton commentaire rappelle à l’évangile (la bonne nouvelle), par le personnage de Jésus.
      Je ne suis pas religieux dans le sens ou ceci impose une ou des idées communes
      qui rejoignent l’imposition du dogme. cependant je crois que l’homme le plus éclairé
      qui a existé est ce personnage dénommé Jésus.
      Et ceci ne m’empêche pas de considérer le  »Yi-King » comme une des plus grandes oeuvre de l’humanité.
      Et il y en a bien d’autres…
      Il ne s’agit pas d’une conception holistique qui rend confortable tout lien proposé, et non prouvé,
      ni d’un syncrétisme qui confond dans l’in-distinction, mais d’une identification précise de ce qui unit
      pour réunir ce qui est épars, de façon logique.
      Ce que je propose ne requiert aucune foi. Il ne s’agit pas de croire, mais de comprendre.
      Sur ce chemin, tu es sans doute un éclaireur… éclairé.

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