L’EXPRESSION
« L’être dans la voie s’exprime par sa voix, plus que par ses mots.»
twitter : @moraleshabilis
Le précédent article vous a proposé la pratique d’une écoute performante. Prendre en compte l’autre dans son vécu, sa réalité et ses besoins, c’est lui permettre d’exister mieux et plus, autrement dit l’accompagner vers un « mieux-être » et un « plus-être ».
L’article de ce jour vous propose « l’expression efficace », pour prendre en compte votre vécu, votre réalité et vos besoins afin d’obtenir le « mieux-être » et le « plus-être » que vous souhaitez.
Pour l’expression, il est possible de clarifier, (sans réduire, là aussi) de la façon suivante : On s’exprime pour :
- transmettre une information,
- demander,
- refuser, s’opposer,
- apprécier.
L’observation montre que c’est dans la structure que réside l’insuffisance de qualité d’expression. Barrages et confusion s’accumulent. Il s’agit de les éviter : c’est l’objet de « l’expression efficace ».
Ex. négatif : « Tu me mets en colère, parce que tu ne ranges jamais ta chambre ! » « et rien ne change… » – (barrage : critiquer, juger + confusion).
Par conséquent, il s’agit d’adopter une structure d’expression différente, en se référant au système Tête-Cœur-Corps. Dans ce cas, le message est composé de trois parties :
1 – pensées, 2 – sentiments, 3 – besoins. (système T.C.C.)
Le début définit objectivement la situation car il est malaisé de commencer par le vrai sentiment ou le vrai besoin :
EX : Partie 1 : « tu ne ranges pas ta chambre, > description objective (tête)
Partie 2 : je suis en colère, > mon sentiment (cœur)
Partie 3 : je n’ai plus de temps pour moi. » > mes besoins insatisfaits (corps)
Ceci constitue les trois composantes d’un même message, appelé message 1-2-3, ou ‘’tu-je-je’’.
Si la partie 1 – description objective – est difficile à exprimer, un début neutre conviendra :
« Pour cela…par rapport à ça… A ce sujet… justement… d’après moi… pour moi…etc. »
Pour éviter le « mécanisme de confusion », ne pas évoquer l’autre dans les parties 2 et 3.
Cette structure est valide pour toutes les situations qui requièrent une haute qualité d’expression :
- Informer
- Demander
- S’opposer
- Apprécier.
Ce sont bien entendu les situations de confrontation qui sont les plus difficiles à gérer. Souvent, la passion domine, et la raison y perd. C’est pourquoi la construction de l’expression efficace peut aider dans la gestion des émotions. Néanmoins l’objection au sujet de la maîtrise du subjectif est fréquente. Pour y répondre, je propose la maîtrise de l’intonation de voix, citée en début d’article. Il me semble exister un automatisme interactif entre la voix et l’émotion. (L’oreille humaine en fonction analyse environ 50 fois par seconde l’intonation de voix qui lui parvient.)
Il convient d’indiquer ici que la véritable appropriation se démontre en étant capable de produire une expression efficace de confrontation, ET de la faire suivre ensuite d’une reprise en écoute authentique de la réaction de l’autre. Ceci ne peut se réaliser que si vous le décidez d’avance. Le choix vous appartient.
Il arrive aussi qu’il soit plus sage de reporter la gestion d’un conflit à un autre moment.
L’écoute attentive-active, dite ‘’Écoute Authentique’’, et l’expression efficace constituent les deux jambes de l’homme relationnel. Correctement équipé, il peut mieux s’engager sur son chemin et aller plus loin dans la co-naissance de lui-même, des autres et de son environnement.
Cette méthode constitue un moyen d’adaptation et d’anticipation supplémentaire, et non un modèle à adopter. C’est même le contraire : il s’agit d’une dé-modélisation de la vie subie pour mettre en œuvre une vie libre et choisie.
Comme pour toute méthode, l’objectif est de n’en avoir plus besoin.
Mise en pratique :
Contexte : vendre une méthode de négociation
Dans les sketchs qui suivent, un formateur vend la méthode. ‘’Négocier avec talent’’.
L’anticipation (préparation) et la mise en œuvre des outils permettent de faire émerger les aspirations, souhaits et besoins des partenaires. Sur cette base, la validité des solutions retenues pourra se vérifier. C’est le moyen de contrôle de la qualité de la négociation. (S.S.M. = solutions de satisfaction mutuelle)
MADAME, MONSIEUR,
Si jusqu’au siècle dernier, les compétences professionnelles requises s’établissaient sur des savoirs-faire, désormais, les choses sont bien différentes.
Vous le constatez probablement au quotidien, au delà des savoirs et savoir-faire, vous êtes sollicités de plus en plus dans vos capacités relationnelles et plus particulièrement dans votre compétence de négociateur.
Ici, il s’agit de savoir-être.
A partir d’une même situation, 3 sketchs vous sont soumis. Les 2 premiers veulent montrer comment certains comportements automatiques peuvent conduire à échouer en négociation. Le troisième implique la mise en œuvre d’une méthode précise et rigoureuse, pour ‘’négocier avec talent’’.
Dans ces présentations, le formateur-consultant tente de vendre la méthode dont il est question ici.
MERCI DE VOTRE ATTENTION
DIALOGUE 1
Un instant plus tard…
Madame, Monsieur,
Dans ce court échange, vous aurez remarqué la position dominante de l’acheteur. Le vendeur, vous l’avez constaté, réagit exclusivement par des arguments.
Il n’aboutit pas.
Vous pourriez considérer dans cette situation qu’il y a un perdant dans l’échange.
Cependant, rien n’exclut que ce formateur propose effectivement un produit performant, et dans cette hypothèse, chacun des partenaires est perdant
DIALOGUE 2
Quelques instants plus tard…
Madame, Monsieur,
Dans ce second dialogue, vous avez constaté l’inverse du précédent. Le consultant s’impose et reste enfermé dans la poursuite exclusive de ses enjeux.
Il n’aboutit pas et perd.
Cependant, là aussi, rien n’exclut la possibilité d’une formation de qualité.
A partir de ces deux échanges, l’hypothèse proposée est la suivante : le plus souvent, les relations dominant/dominé et dominé/dominant, aboutissent à des situations perdant/perdant
DIALOGUE 3
BILAN DU DIALOGUE 3
Madame, Monsieur,
Dans ce troisième dialogue, vous avez constaté une prise en compte des aspirations et besoins de part et d’autre.
Ceci conduit à des solutions de satisfaction mutuelle, et établit une relation gagnant/gagnant.
Cependant, vous avez constaté aussi que ce dialogue est bien plus long que les précédents ; Et vous êtes soucieux de votre gestion du temps.
Une longue expérience d’audit a permis d’établir que ce sont les dialogues 1 et 2 qui génèrent les cascades de pertes de temps et d’énergie, et que pour aller vite, bien souvent, il est préférable d’agir posément, donc lentement.
Les sketchs que vous avez lus procèdent d’une démarche précise et rigoureuse.
Ils permettent cependant, non pas l’adoption d’un système, mais au contraire, l’ouverture à plus de liberté.
Nous négocions beaucoup ; consciemment et inconsciemment ; sur le plan intellectuel (croyances, principes, valeurs) ; le plan affectif (les émotions, les sentiments, la sensibilité) ; le plan physique (les enjeux matériels).
Des études montrent que nous y passons presque tout notre temps éveillé, puisque nous négocions simultanément et sans cesse aussi, avec nous-mêmes.
Ainsi pouvons-nous exprimer :
‘’ L’art de la négociation, c’est l’art de la vie’’
prochain article : le processus de résolution et négociation. (PR 6)