LES BESOINS

bonjour à toutes et tous,

introduction :

Il peut vous sembler inutile ou de peu d’intérêt de traiter ce sujet. Les besoins existent de toute évidence ; il en est ainsi pour tous les organismes vivants, et c’est tout.

Pourtant ce n’est pas tout pour ce mammifère bizarre et improbable qu’est l’être humain. La définition même de ses besoins invite à une réflexion approfondie. Vient ensuite la question des moyens -des solutions- pour parvenir à les satisfaire.

Il s’y ajoute, dans la ligne de ‘toute fin est début‘, que les besoins naissent, vivent, et meurent eux aussi.

Dans l’article ‘processus de négociation‘ de ‘l’excellence relationnelle‘, ces questions ont été abordées de manière succincte, par la distinction des désirs et besoins, et par le processus en six étapes.

Il m’est apparu depuis, et certaines et certains d’entre vous l’ont fait savoir, que le sujet méritait approfondissements.

Identification des besoins :

Des confusions peuvent apparaître. Dans le langage commun, les désirs, les envies, les pulsions, les droits, les manques, les objectifs, les buts, les caprices, les aspirations, et les rêves, sont souvent assimilés à besoins.

J’avais proposé comme moyen de distinction que les besoins sont des désirs restés trop longtemps insatisfaits. Il conduisent alors à manifester des comportements ‘fermés‘. Quant aux désirs momentanément insatisfaits, ils peuvent permettre des comportements ‘ouverts‘.

Plus simplement, il est possible de concevoir les besoins comme nécessités vitales : manger, boire, se reproduire, se protéger…

Néanmoins, la pyramide de MASLOW (article sur la négociation) propose une classification hiérarchisée des besoins.

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SCHULTZ (1958), avec la théorie F.I.R.O. (Fundamental Interpersonal Relationship Orientation) distingue :

1 – le besoin d’inclusion,

2 – le besoin de contrôle,

3 – le besoin d’affection.

Centré sur les relations interpersonnelles, son travail a été largement utilisé pour le fonctionnement optimum des groupes.

Michèle LARIVEY (le défi des relations, éditions de l’homme 2004) établit les besoins comme des droits :

1 – le droit à l’existence,

2 – le droit à une identité individuelle,

3 – le droit à une identité sexuelle. 

Ainsi, MASLOW, SCHULTZ, LARIVEY ont établi et classé les besoins. Leur hiérarchisation signifie qu’une catégorie de besoins ne peut être satisfaite que si la catégorie précédente l’a été.

Pour ma part, je distingue les besoins acquis, assimilables aux besoins vitaux d’une part, et les besoins sociaux, issus de la culture spécifique des sociétés, d’autre part. Il serait pertinent aussi de distinguer à partir de T.C.C. (tête, cœur, corps) les besoins respectifs de ces trois instances.

Déformation des besoins :

il semble possible ici de suggérer ce que seraient les vrais besoins (vitaux) et les faux (sociétaux).

Ce serait trop simple. L’observation permet d’identifier des stratégies inconscientes qui déforment la réalité des besoins. Il m’est apparu que ces déformations sont pour l’essentiel identique à celles qui construisent les rêves (selon Freud).

Il s’agit des phénomènes de déplacement, condensation, substitution, symbolisation, renversement en sens contraire, dénégation, occultation.

Il y a plus de 40 ans, quand j’ai lu l’ouvrage de Freud (édition exhaustive) de ‘l’interprétation des rêves’, j’avais eu l’intuition que les comportements durant la vie éveillée, subissaient eux aussi ces déformations. Ceci m’a souvent permis de mieux comprendre l’autre et moi-même.

Et récemment, j’ai constaté que les besoins passaient eux aussi par ce génial déformateur-manipulateur qu’est notre inconscient.

Drivers-croyances-limitantes

Il peut aller jusqu’à établir l’illégitimité de certains besoins, et même inscrire la culpabilité de les avoir, au point de ne plus envisager du tout leur éventuelle satisfaction. Je n’exclus pas que beaucoup d’entre nous soient formés à la répression de leurs besoins plutôt qu’à leur satisfaction. Cela peut conduire aux ravages de vies entières, si ce n’est d’annihiler les pulsions de réalisation et d’accomplissement.

Résolution des besoins :

Ce qui précède justifie pleinement que la première étape du processus de résolution soit ‘identification précise des besoins insatisfaits‘, et montre aussi la difficulté pour la réaliser. En effet, si je suis insatisfait, je suis plutôt ‘fermé » et négatif’, ce qui diminuera ma capacité de réflexion objective, et induira les déformations dans l’expression de mes besoins.

L’expérience dans la mise en œuvre du ‘processus de résolution‘ montre aussi que la deuxième étape sollicite la créativité et l’optimisme.

La troisième implique d’évidence la confiance mutuelle.

La quatrième invite à l’abandon du pouvoir, qui ne s’atteint que par une solide confiance en soi.

Il en est de même pour les cinquième et sixième étapes.

Le processus de résolution établit néanmoins un progrès important dans la capacité de développer son libre arbitre, par la liberté conquise sur le déterminisme génétique et social, et sur soi-même.

Processus (P.R. 6)

De résolution de : Problèmes

              1. Désaccords

              2. Conflits latents

              3. Conflits ouverts

              4. Négociation

              5. Médiation

Objectifs : 1) Satisfaction mutuelle de besoins,

2) Être automatiquement gagnant / gagnant.

Les six étapes

1 Identification précise des besoins insatisfaits.

E.A + E.E

2 Expression de toutes solutions valables ou non.

E.A + E.A +E.E

3 Evaluation des solutions évoquées : faisabilité, efficacité.

E.A + E.A + E.E

4 Choix et prise de décisions.

E.A + E.E.

5 Planning (qui, quoi, quand, comment, ou.)

E.A + E.E

6 Contrôle (de la satisfaction des besoins exprimés en 1).

E.A + E.E

E.A : Ecoute Authentique

E.E : Expression Efficace

Synthèse:

Nous sommes dans une quête irrépressible de la satisfaction de nos besoins ; que ceux-ci soient réels ou illusions et déformations.

Comme déjà évoqué dans certains articles précédents, nous retrouvons ici un postulat qui explique cette quête : êtres doués de conscience, nous ne pouvons accepter l’incertitude de la réalité, et l’inéluctable fin physique dénommée la mort.

La totalité de nos besoins, et la quête incessante de leur satisfaction se résume ainsi à deux objectifs :

-la certitude (la vérité),

-la permanence (immortalité).

Le monde physique, manifesté, dans lequel nous évoluons ne permet pas -jusqu’ici- d’atteindre ces objectifs.

Cependant d’autres voies sont ouvertes ; l’être humain ne renonce jamais. Il en sera question dans le prochain article qui clôt  »la fonction d’être ».

En relation avec le sujet d’aujourd’hui, les besoins, je présente une anecdote personnelle :

il se trouve que né juste après la dernière guerre mondiale, de père inconnu, j’ai vécu une enfance difficile. Mon prénom usuel était  »le bâtard ».

Je me suis ensuite acharné à prouver que je valais quelque chose et que je pouvais réussir.

J’ai établi une carrière professionnelle prestigieuse, puis j’ai construit une famille, puis une grande et magnifique maison, sur un vaste terrain, j’ai eu une jolie épouse et de beaux enfants… j’étais sûr aussi d’être considéré, estimé, aimé…

Et tout s’est écroulé. C’est devenu l’océan des rêves brisés.

Quels étaient mes besoins ?

– justifier mon existence,

– Montrer la réussite,

– prouver que j’étais quelqu’un de bien,

– avoir une image prestigieuse,

– être le meilleur, malgré tout.

En raccourci, justifier mon existence par tout ce que je faisais et réussissais.

Et dans la période récente d’épreuves extrêmes j’ai réfléchi. Je me suis rendu compte que je n’avais ni à justifier ni à prouver la légitimité de mon existence, et que si j’ai échoué dans ce que je possède, c’est-à-dire rien, j’ai réussi parce que je suis riche de ce que je suis. Et cela je ne le perdrai pas. Et je suis, le plus souvent, considéré, estimé et aimé.

Cette anecdote pour montrer comment nous pouvons construire nos besoins, et échouer. Elle montre aussi que les besoins du passé, du présent, et ceux de l’avenir doivent être revisités pour trouver les vrais besoins, et réussir.

Ils se résument alors à un seul :

LA FONCTION D’ÊTRE

2 réflexions sur « LES BESOINS »

  1. BONJOUR mon ami Christian; d’accord avec toi sur ta conclusion. Voici ma modeste réflexion et contribution à tes travaux: de quoi ai-je vraiment et essentiellement besoin?
    Au contraire du consumérisme idiot et du toujours plus; je dois apprendre à me contenter et à profiter de ce qui m’est accordé par la vie afin de reconnaitre que ma condition est finalement acceptable voire enviable . Ma fonction d’ être aura alors pris le pas sur le reste,souvent bien dérisoire…3 Bises. PHILIPPE

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